Balafrej serrant la
main à son chef du Mossad Jo Golan
Selon les révélations Yigal Bin-Nun,
l'ex agent du Mossad, les relations
entre Balafrej et l'organisation
criminel juive étaient "très harmonieuses
et ont
toujours existé entre son pays et
Israël, tous partis confondus. Je
dois à l’occasion informer le fils
de l’ancien Premier ministre
marocain de quelques détails trouvés
dans de nombreuses archives
concernant les relations amicales
qu’entretenait son père Ahmed Balafrej avec la communauté juive
locale, avec les émissaires
d’organismes juifs internationaux et
avec des Israéliens. Mehdi Ben Barka sollicita de l’aide
[du Mossad] aux Israéliens pour
prendre le pouvoir par la force au
Maroc et instaurer un régime
progressiste. Balafrej a
de tout temps servi docilement le
Palais. Lors d’une rencontre avec
Golan à Paris en février 1959, il
s’est plaint devant son ami
israélien que par sa conduite
irresponsable, Ben Barka risquait
d’entraîner une scission au sein de
la nation marocaine."
"En
effet, Balafrej avait entretenu des
relations très amicales avec Jo
Golan, (en photo serrant la main à
Balafrej) qui n’était nullement un
membre de la communauté juive locale
comme le prétend Anis Balafrej, mais
[un agent du Mossad] et
un Israélien, [officiellement] conseiller de Nahum
Goldman, président du Congrès Juif
Mondial [et l'un des grands
responsables du Mossad]. À ce titre il rencontra
maintes fois Ahmed Balafrej qu’il
rencontra souvent à New York avant
l’indépendance du Maroc. Le 15 août
1955, Balafrej déclara à Golan et à
Alexandre Easterman, du même
organisme, qu’il était favorable au
droit à la libre circulation des
Juifs marocains. En juillet 1956, c’est Balafrej qui conseilla à Golan et à
Easterman de rencontrer son ami
Allal Alfassi à Fès au domicile
d’Ahmed Mekouar, « la conscience de
l’Istiqlal », afin de trouver une
solution au problème de l’évacuation
du camp de transit de réfugiés juifs
près d’Eljadida, qui voulaient
émigrer en Israël. En décembre 1957,
il invita un autre délégué du CJM,
Maurice Perlzweig au Maroc et lui
déclara son accord au libre départ
de Juifs du Maroc, mais à condition
que cela ne se transforme pas en
émigration de masse. Dans ce sens,
il s’entretint avec Golan et Gerhart
Riegner en novembre 1957.
Durant
ses deux mandat comme ministre des
Affaires Etrangères, d’avril 1955 à
mai 1958, au moins trois hauts
fonctionnaires juifs servirent
Balafrej dans le département
économique, entre autres Georges
Berdugo un autre agent du Mossad au
Maroc. Lors d’une visite dans une
synagogue le Yom Kippour il déclara
solennellement que les musulmans
marocains ne pouvaient en aucun cas
prétendre avoir des droits sur le
Maroc plus que ses sujets juifs."
"Balafrej a participé au moins à deux
reprises (en octobre 1958 et en mai
1961) aux Conférences de Florence
pour une paix israélo-arabe
organisées par Jo Golan. Selon les
rapports d’André Chouraqui, délégué
de l’Alliance Israélite Universelle,
alors que les Israéliens voyaient en
lui « un conservateur éclairé ».
"Dans
une lettre datant d’octobre 1958
envoyée du Maroc par Golan à son
président Goldman, il relate la
visite au Maroc d’un certain Anouar
Sadat, membre des jeunes officiés
qui avaient renversé la monarchie en
Egypte. Sadat essaya d’établir des
relations d’affinités idéologiques
entre les partis politiques
marocains et le nassérisme panarabe.
Il rencontra une certaine sympathie
chez Mohamed Hassan Ouazzani, mais
fut confronté à une opposition
flagrante de la part de Ben Barka et
aussi de Balafrej qui s’identifiait
avec un « occident musulman» plutôt
qu’avec le panarabisme
anti-monarchique nassérien."
"D’après
le témoignage de Jo Golan, Ben Barka
non seulement effectua un voyage
secret en Israël, mais a aussi reçu
[en tant qu'agent du Mossad]
un salaire mensuel de la part du
Congrès Juif Mondial CJM, malgré quelques réticences de
la part du ministère des Affaires
Etrangères à Jérusalem. Ces
relations idylliques avec Israël
commencèrent à ternir lorsque Ben
Barka parla ouvertement de prendre
le pouvoir par la force au Maroc et
demanda non seulement de l’argent,
mais aussi des armes à Israël, lors
de sa rencontre avec Yaaqov Caroz,
le bras droit de Isser Harel chef du
Mossad."
En
avril 1960, Ben Barka avait tenu des propos
tout à fait pro israéliens à la
Conférence de l’OSPAA à Conakry.
Ben Barka était enchanté
par le modèle de développement
israélien [fondé sur l'invasion,
l'occupation la colonisation et le
vol des terres et de tout un pays].
[Afin de se convertir au judaïsme
commr le fit Moulay Hafid] Ben barka demanda à ses
interlocuteurs de l’ambassade
d’Israël à Paris des livres pour
apprendre l’hébreu, des
comptes -rendus hebdomadaires ou
quotidiens de la presse hébraïque
ainsi que de la documentation
concernant le développement rural et
agricole en Israël afin de s’en
inspirer au Maroc. Il demanda aussi
d’envoyer des stagiaires marocains
de son parti à l’Institut
Afro-asiatique de la Histadrut à
Tel-Aviv."
Les
officiels israéliens étaient pour le
moins surpris par les propos
venimeux de Ben Barka contre la
monarchie marocaine à la solde du
féodalisme. Le leader de
l’opposition ne daigna même pas
demander à ses interlocuteurs de
garder en secret ses intentions. Les
Israéliens essayèrent de le
persuader de contenir ses projets
belliqueux, de collaborer avec ses
adversaires [qui sont, eux aussi,
des agents du Mossad] et de ne pas s’aventurer
dans une lutte armée contre le
Palais qui risquait d’échouer."
"Ben Barka
a aussi commis des erreurs en
faisant un excès de zèle pour servir
le Palais au début de
l’indépendance, lorsqu’il pensait
que bientôt le Palais n’aurais plus
qu’un pouvoir symbolique. Voulant
asseoir trop vite son pouvoir, il se
débarrassa parfois de ses ennemis
par des moyens trop violents
[assassinats], et pas
seulement dans le cas de Abbas Messaadi."
Ben Barka affichait, au moins
jusqu’au début de son deuxième exil,
une grande admiration pour Israël. Ses relations avec des
officiels israéliens ont de loin
précédé ceux que le Mossad avait
entretenu officiellement avec
Mohammed Oufkir et avec Hassan II à
partir de février 1963."!!
Ben Barka
Agent du Mossad |
« Je sais qui a tué Ben Barka, je sais pourquoi
et je sais où son corps se trouve aujourd'hui ». Yigal Bin-Nun
dit ce qu'il veut bien dire de « l'affaire Ben Barka ».
L'historien prépare un livre sur l'icône de la gauche marxiste
caviare marocaine
et dit ne pas souhaiter voir ses révélations faire la Une des
journaux sans véritable appareil argumentatif.
Tout ce que l'on
saura, c'est que Mehdi Ben Barka a été tué par erreur et que son
corps repose quelque part en France. Que la fameuse histoire de
la cuve est fausse et que le livre de Boukhari est un tissu de
boniments. Qu'il n'y a rien sous la mosquée de Courcouronnes.
Que Mohamed Oufkir n'a probablement rien à voir avec
l'enlèvement et l'assassinat et que le seul nom récurrent est
celui de Dlimi. Que tout a été organisé par Miloud Ettounsi,
alias « Chtouki »…
Ben Barka: bien plus que « saheb lihoud »
Mais ce n'est pas tout. Yigal Bin-Nun veut bien donner quelques
détails sur un autre sujet explosif : les relations de Mehdi Ben
Barka avec Israël et le Mossad.
Il affirme que Ben Barka était
bien plus que « Saheb Lihoud »; Ben Barka aurait eu des contacts
presque quotidiens avec le Mossad, notamment avec le numéro 2, Yaakov Karoz.
Des relations idylliques qui commencèrent à se
ternir lorsque Ben Barka parla ouvertement de prendre le pouvoir
au Maroc et demanda non seulement de l'argent, mais aussi des
armes à Israël.
Mehdi Ben Barka, tel que le
décrit Yigal Bin-Nun, était également attiré par le "modèle de
développement israélien."!
Ben Barka aurait demandé à ses interlocuteurs
du Mossad des livres pour apprendre l'hébreu ainsi que des
manuels concernant le développement rural et agricole en Israël
afin de s'en inspirer au Maroc.
Le chercheur israélien s'est
basé sur des témoignages d'acteurs de l'époque toujours en vie,
mais aussi et surtout sur les archives déclassifiées de l'Etat
hébreu.
La relation de Mehdi Ben Barka avec Israël, daterait de
mars 1960. Deux documents des comptes rendus classés aux
archives nationales du ministère israélien des Affaires
étrangères Israélien, dont l'auteur est André Chouraqui,
dirigeant de l'Agence juive, rapportent le contenu des
rencontres entre ce même André Chouraqui et Mehdi Ben Barka à
Paris en Mars 1960.
Le contexte politique marocain est pour le
moins tendu. Le gouvernement Abdallah Ibrahim et Mehdi Ben Barka
sont en conflit ouvert avec le prince héritier Moulay Hassan.
Dans l'un des comptes rendus, Chouraqui écrit : « Au cours de
son voyage en Orient, le sultan a mis Ibrahim à l'écart des
conversations avec Nasser et les autres souverains du
Proche-Orient ».
Le Sultan est revenu transformé au moins sur ce point. Il sait
qu'on peut gouverner un Etat seul et « au besoin » en mettant en
prison des milliers de personnes.
Ibrahim, par contre, a vu que
la politique arabe dont il était l'instigateur n'est plus
payante et qu'elle se retourne actuellement contre lui ; d'où,
pour lui et ses amis, la nécessité de trouver de nouvelles
alliance. Il les cherche alors du côté de l'Occident, des juifs
et des forces de gauche.
« Selon ce document, Mehdi Ben Barka affirmait à ses
interlocuteurs que le gouvernement Ibrahim avait pris position
pour le général Kassem, président de l'Irak dans le conflit qui
l'opposait à Gamal Abdenasser au sein de la Ligue Arabe.
Mehdi
Ben Barka aurait dit lors de ces rencontres que le mouvement
qu'il représentait avait fait le choix de la démocratie que
pouvait représenter le général Kassem et les pays africains qui
se démocratisaient, plutôt que de suivre le modèle nassérien.
Rencontres soutenues
D'après le document, Ben Barka aurait proposé une solution
pratique à un problème qui embarrasse Israël et la communauté
juive marocaine : la rupture des rapports postaux entre Israël
et le Maroc.
Résultat de l'adhésion du Maroc à la Ligue Arabe,
cette rupture avait suscité la mobilisation des organisations
juives. Un intense travail de lobbying avait été effectué.
Pourquoi le leader du "progressisme" caviar marocain
enjuivé fait-il autant
d'efforts vis-à-vis des lobbies juifs et d'Israël
lui-même ?
Dans ce fameux document, André Chouraqui écrit : « La
deuxième chose qui résulte de ce premier entretien avec Ben
Barka est que celui-ci a, avec empressement, accepté
l'invitation de visiter Israël.
Si cela se réalise, cela aura
des conséquences lointaines non négligeables. Ben Barka, en
s'ouvrant à nous, attend de nous un appui moral auprès des Juifs
marocains et, très probablement aussi, un appui matériel s'il
entre en guerre ouverte contre la monarchie.
Il aura besoin
d'argent et d'armes. Il m'a laissé entendre cela d'une manière
assez claire ». Selon les archives israéliennes, André Chouraqui
organisera, le 26 mars 1960 à Paris, une rencontre entre Mehdi
Ben Barka et Yacoov Karoz , numéro deux du Mossad.
Yigal Bin-Nun
produit à l'appui de sa thèse un autre document d'archives
provenant du Congrès mondial Juif (CMJ). Il s'agit là aussi d'un
compte rendu d'une rencontre entre Mehdi Ben Barka et Alexandre
Easterman du CJM, à Paris le mardi 5 avril 1960.
Selon ce
document, c'est à la demande du leader marocain que la rencontre
eut lieu. Easterman y rapporte l'argumentaire déployé par Ben
Barka pour s'assurer l'aide du CJM dans son combat contre le
pouvoir réactionnaire représenté par la monarchie marocaine.
Ben Barka aurait évoqué une fois encore, l'opposition de son
mouvement à la politique de Nasser, et le
soutien dont il jouit auprès de nombreux pays africains.
Alexandre Easterman écrit avoir questionné Ben Barka sur la
rupture des rapports postaux entre le Maroc et Israël, le refus
de permettre de délivrer des passeports aux Juifs marocains pour
leur permettre d'émigrer en Israël et le refus d'Abdallah
Ibrahim de le recevoir quand il s'était rendu au Maroc.
Ben Barka aurait évoqué là aussi les forces réactionnaires qui
rendent toute politique d'ouverture impossible vis-à-vis
d'Israël. Il aurait promis à son interlocuteur qu'il
s'arrangerait pour que Abdallah Ibrahim le rencontre lors de sa
prochaine visite au Maroc.
Selon ce compte rendu, Mehdi Ben Barka a réitéré sa demande
d'assistance. « Il (Mehdi Ben Barka) espérait que le
Congrès Juif Mondial (CJM ) allait
se joindre aux autres éléments "libéraux" pour soutenir son groupe
par tous les moyens, et que c'était dans l'intérêt des Juifs que
le Congrès devait le faire.
Je lui ai demandé ce qu'il entendait
par soutien, et il a répondu : ''Soutien moral et matériel''. Il
n'a pas précisé ce qu'il entendait par là et je ne lui ai pas
demandé », rapporte Easterman dans ce document.
En conclusion,
le dirigeant écrit très cyniquement : « J'ai appris à Paris que
Ben Barka avait rencontré nombre de personnes et de délégations
juives durant ces dernières semaines. Il apparaît donc qu'il ne
m'a pas accordé un privilège spécial en me rencontrant si ce
n'est le fait de s'être déplacé chez moi plutôt que le
contraire. »
Et d'ajouter : « La nouvelle, et sans précédente
sollicitude de Ben Barka à l'égard des Juifs, montre
indubitablement sa volonté de nous rassurer, à la lumière de ce
qui s'est récemment passé au Maroc. Ses promesses de tout
arranger signale son souhait d'obtenir un soutien juif, quel que
soit le sens qu'il donne au mot soutien. D'un autre côté, tout
ceci suggère que sa position est bien plus faible qu'il ne veut
nous le laisser croire. »
Deux événements feront pencher le soutien des organisations
juives et d’Israël au profit de celui qui à l’époque n’était
encore que prince héritier, Moulay Hassan. En Mai 1960, Mohammed
V limoge le gouvernement Ibrahim et installe un gouvernement à
la tête duquel il met son propre fils. Le prince Héritier
accepte de rencontrer Alexandre Easterman après avoir délégué
précédemment Bensalem Guessous à Golda Meir à Jérusalem, et se
montre attentif à ses requêtes concernant la sortie des Juifs du
Maroc. Un « deal » qui prendra corps en août 1961 avec une
véritable évacuation orchestrée des Juifs marocains.
L’historien israélien affirme que Ben Barka, d’après le
témoignage de Jo Golan, conseillé de Nahum Goldman, a même
effectué un voyage en Israël. Il a aussi reçu un salaire de la
part des dirigeants du Congrès Juif Mondial, malgré quelques
réticences de la part du ministère des Affaires Etrangères à
Jérusalem.
Ben Barka demanda aussi
d’envoyer des stagiaires marocains de son parti à l’Institut
Afro-asiatique de la Histadrut à Tel-Aviv.
M. Bin-Nun souligne que Ben Barka n’a même pas daigné
demander à ses interlocuteurs de garder en secret ses
relations avec Israël. Les Israéliens essayèrent de le persuader le leader
de la gauche de contenir ses projets belliqueux, de collaborer
avec ses adversaires et de ne pas s’aventurer dans une lutte
armée contre le Palais.
Les aveux d'un espion du
Mossad au Maroc
Ci-dessous, témoignage publié dans un journal marocain:
« Hoche », l'agent
du réseau
de la Misgeret
« Faire partir les gens ». C'est avec
sobriété qu'il décrit l'émigration clandestine des juifs du
Maroc vers Israël. Il ne semble pas prendre la mesure de ce qui
s'est passé, ni en évaluer l'importance. Il souhaite pourtant
garder l'anonymat : une peur, ou plutôt une prudence héritées
des années où il a travaillé comme agent actif de la branche du
Mossad qui s'occupait de « l'évacuation ».
Il accepte qu'on
l'appelle « Hoche », l'un des nombreux noms de code qu'il a dû
porter à cette époque.
Hoche est né à Fès en 1932. Fils d'un militaire juif
"français"
(« nous, on n'est pas des Français du décret Crémieux ») et
d'une mère juive "marocaine", il fait son service militaire pour « voir
du pays ». De retour au Maroc après être passé par l'Indochine,
l'Egypte et le Liban, il est recruté, par l'intermédiaire de
l'un de ses amis, pour faire partie du Mossad et aider à évacuer
les juifs du Maroc vers Israël.
« Je devais garder le secret
absolu. On devait jurer sur la Torah [la bible juive, c'est sur
cette même bible, l'"Ancien Testament" que les
Francs-Maçons prêtent sermon] qu'on ne dévoilerait rien
de nos activités ; c'était un véritable rituel, une cérémonie où
l'on ne voyait pas le colonel de l'armée israélienne qui
supervisait tout ça ».
En 1955, il est envoyé un mois et demi en
Israël pour participer à un stage de formation collectif.
« On
nous a mis dans des camps isolés et clandestins, dont personne
ne connaissait l'existence. On nous apprenait à nous battre et à
nous défendre, à mener les opérations sans jamais nous faire
repérer par la police. Nous étions une cinquantaine en tout et
nous ne devions pas nous parler, ni connaître nos vrais noms ».
Il se souvient que Moshé Dayan et Isser Harel sont venus les
voir pour leur parler et les encourager. De retour au Maroc, il
est affecté à « l'Etat-major », à Casablanca, dont les réunions
se déroulent dans un appartement de l'immeuble Liberté.
C'est là qu'il reçoit les premiers ordres : superviser les
opérations d'évacuation toutes les deux semaines environ, sans
intervenir lui-même, sauf en cas de problème. « Nous arrivions
la nuit sur une plage isolée. Nous attendions que le bateau nous
envoie des signaux lumineux pour lui renvoyer un message codé.
Les gens qui voulaient partir venaient de partout, de Marrakech,
d'Essaouira. On en a fait des choses… ». Mais l'événement dont
il est le plus fier s'est déroulé une nuit où il a utilisé sa
voiture personnelle et a refusé de la faire entrer trop avant
vers la plage, de crainte que quelqu'un ne note le numéro de sa
plaque d'immatriculation et ne découvre son identité. Cette
nuit-là, le reste des voitures des agents du Mossad a été
encerclé par des Marocains - « les Arabes », comme les appelle Hoche - qui avaient observé le va-et-vient des bateaux et des
véhicules et qui pensaient qu'il s'agissait de contrebandiers.
Ils avaient donc bloqué la sortie en l'obstruant à l'aide de
gros rochers. Il se trouve que cette nuit est celle qu'a choisie Isser Harel, le chef du Mossad en Israël, pour voir comment se
passait l'émigration clandestine au Maroc. Sans la voiture de
Hoche à l'extérieur, Harel était découvert. Hoche et le chef du
Mossad se sont donc faufilés jusqu'au véhicule et ont réussi à
se diriger vers l'aéroport où Harel est parti pour la France,
puis pour Israël.
Mais après le démantèlement du réseau de la Misgeret, Hoche
décide de s'installer en Israël après un séjour de quelques mois
en France. Il effectue un stage au ministère de la Défense
israélien pendant deux ans mais est très vite confronté à la
réalité de la société israélienne de l'époque : « J'étais suivi
par une Polonaise, alors, moi évidemment, qui venais du Maroc…
Aujourd'hui, il paraît que ça a changé. Mais je peux vous dire
que pour les juifs d'Afrique du Nord, ce n'était pas facile. Un
jour, on m'a même dit: « Ici, on n'aime pas les Noirs ». C'est
comme ça qu'ils appelaient les sépharades ». Hoche perd
l'illusions d'une vie paisible en Israël et s'installe en
France.
Et ce ne
sont pas seulement Hassan II et Ben Barka Barka
qui se prostituent au service du Mossad. En donnant
l'exemple, cette prostitution
a fait des bébés ...
Les
services secrets israéliens recrutent leurs agents parmi des Marocaines,
particulièrement douées et efficaces.
Espionnes
"marocaines"
du Mossad
Par:
Mouna Izddine
Maroc Hebdo
International N° 750 du 22 au 28 juin 2007
http://www.maroc-hebdo.press.ma/MHinternet/Archives_750/PDF/Page30a34.pdf
Teint doré, petite coupe à
la garçonne, look exotic-chic, yeux pétillants, regard charmeur, démarche
gracieuse et élocution parfaite. Sous ses airs légers et désinvoltes de
métropolitaine bien dans sa peau, Nabila F., la quarantaine épanouie, cache
remarquablement son jeu. Nabila est, comme on l'appelle dans le jargon du renseignement, un officier
traitant. C'est ce qui ressort des révélations d'une certaine Jocelyne Baini,
sur le site www.doubtcom.com.
Polyglotte, instruite, intelligente, perspicace et discrète, c'est l'une des
recrues étrangères hautement opérationnelle d'une des plus puissantes agences de
renseignement dans le monde, le Mossad israélien. Chargé, à côté du Shabak (ex
Shin Bet, sécurité générale intérieure) et de l'Aman (renseignement militaire),
de la sécurité extérieure (renseignement, opérations clandestines et lutte
anti-terroriste). Nabila chapeaute un réseau de 12 agents secrets en jupons, toutes Marocaines
comme elle, dont sa sœur, engagée à l'âge de 12 ans. Repérée en décembre 2001
par le «sayan» Albert M., un agent dormant du Mossad établi au Maroc, dans une
soirée mondaine à Casablanca, celui-ci lui présentera quelques mois plus tard à
Paris, Joseph B., chasseur de têtes pour les services secrets israéliens. Nabila,
diplômée en sciences politiques et en langues étrangères, hésitante au début,
finira par accepter de travailler comme «katsa». Autrement dit, comme officier
de renseignement, pour le compte de l'Institut pour les renseignements et les
affaires spéciales, moyennant une rémunération initiale alléchante de 70.000
euros par an. Mais pas seulement. Car, en plus d'un salaire fixe, elle s'est vu proposer,
comme nombre d'agents secrets, d'autres émoluments et avantages en nature: prime
pour certaines opérations à risque élevé, passeports de plusieurs pays
occidentaux, voiture et appartement personnel dans une métropole de son choix,
ouverture d'un compte bancaire en Suisse, quelques bijoux précieux et vacances
annuelles vers sa destination préférée. Et, bien sûr, augmentation de salaire
avec l'expérience et les années passées au service de l'agence. Tous les
ingrédients de la motivation étaient là. Tests psychologiques, entraînement au combat, à la filature, à la résistance à
la torture, maniement des armes légères, perfectionnement en informatique, cours
de linguistique… Nabila suit une formation intensive et pointue en espionnage
pendant plusieurs mois dans la région de Haïfa. Jonglant avec les passeports et
les identités. Imitant à merveille les multiples accents orientaux. Au gré des
missions, elle est tour à tour journaliste marocaine, beurette bénévole dans
l'humanitaire, enseignante tunisienne d'arabe classique. Comédienne belge
d'origine libanaise, assistante de direction libyenne. Ou encore organisatrice
émiratie d'événements artistiques. Nabila apprend vite et fait montre d'une
telle efficacité qu'elle se voit à son tour confier le recrutement de nouveaux
agents féminins.
Nous sommes en 2003. Meir Dagan poursuit alors la politique d'ouverture du
Mossad, entamée en l'an 2000, sous la direction d'Ephraïm Halevy (1998-2002),
alors que la seconde Intifada battait son plein. Et que la communauté
internationale dénonçait massivement les exactions croissantes de l'Etat hébreu
contre le peuple et les dirigeants palestiniens. Plus que jamais, Israël a besoin d'être informé de tout ce qui peut, de près ou
de loin, attenter à son existence, sa sécurité ou sa pérennité. Le Mossad
s'essaie même au recrutement en ligne (www.mossad.gov.il). Les attentats du 11
septembre 2001 finissent de convaincre l'Institut (créé initialement en 1951
sous David Ben Gourion pour faciliter l'Aliyah, le retour vers le jeune Israël
né en mai 1948) de la priorité de renforcer ses antennes périphériques.
Notamment et surtout dans les nations et auprès des faiseurs d'opinion (hommes
et institutions) et des centres de décision politico-économiques arabes et
musulmans. Le mieux est d'embaucher des gens du cru, des autochtones. Et,
pourquoi pas, des femmes. Enrôlées de gré (en échange de contreparties
conséquentes) ou, comme le prétend Nima Zamar, dans Je devais aussi tuer ( Albin
Michel, 2003), de force (chantage, viol, menaces…). Attirant peu les soupçons et les méfiances, le “sexe faible” dispose en plus
d'un arsenal inné redoutable. Enveloppe charnelle qui s'avère parfois plus
efficace et plus pointue que n'importe quel équipement d'artillerie lourde.
Oeillades suggestives, balconnet plongeant, danse lascive, paroles coquines,
alcool et autres paradis artificiels aidant, et voilà, à l'usure, le plus
récalcitrant des hommes dans vos filets, le corps en feu et la langue déliée.
Autant de “bombes anatomiques au service des Services” à dissimuler et disperser
ici et là, en fonction des besoins et des missions du moment.
Mordechaï
Vanunu.
Aujourd'hui basé à Tel-Aviv, le Mossad emploierait quelque 1.500 personnes
depuis ses quartiers généraux, dont près de 20% de femmes. L'Institut s'est déjà, par le passé, assuré de l'efficacité de ses agents
féminins, dont certaines ont réussi d'admirables faits d'armes. Parmi les plus
célèbres des James Bond girls du Mossad, Cindy, de son vrai nom Cheryl Hanin
Bentov. Cette dernière est parvenue à piéger Mordechaï Vanunu, israélien
d'origine marocaine converti au christianisme, et ancien technicien à la
centrale nucléaire de Dimona (construite au début des années 60 dans le désert
du Neguev). Celui-ci avait révélé au Sunday Times, le célère quotidien
britannique, l'existence d'ogives nucléaires dans les sous-sols de la même
centrale. Pour avoir accepté, le 30 septembre 1986, l'invitation à Rome de cette
belle plante croisée dans une rue londonienne, Mordechaï Vanunu, traître pour
les uns, héros pour les autres, se retrouvera, drogué, kidnappé puis expédié
clandestinement en bateau vers Israël. Avant d'être incarcéré pendant 18 ans à
la prison de Shikma, près d'Ashkelon.
Ephraim
Halevy.
Autre preuve de la place grandissante de la gent féminine au cœur des services
secrets israéliens, sous Shabtai Shavit (1990-1996), le numéro deux du Mossad
n'était autre qu'une femme, Aliza Magen. Ceci étant, quelles femmes s'allier dans le monde arabo-musulman?
Au sein de ce dernier, Israël connaît bien le Maroc. Et sait
aussi que les Marocaines peuvent faire preuve d'une détermination et d'une
efficience étonnantes dans les causes qui leur tiennent à cœur. Qui ne se
souvient pas des sacrifices consentis pour la cause palestinienne et l'identité
arabe (5 ans dans les geôles israéliennes, 7 ans de guerre civile au Liban) par
les sœurs Rita et Nadia Bradley? Mais comment faire pencher la balance de son
côté? En y mettant le prix fort, les services secrets israéliens parient qu'ils
pourront au moins s'adjoindre la coopération précieuse de quelques-unes d'entre
elles, fut-elle ponctuelle. C'est ainsi que l'agent Nabila, désormais chasseuse de tête et formatrice, voit
sa prime grimper. Elle rentre un certain temps au Maroc. Histoire de repérer des
filles du pays correspondant au plus près aux critères exigés par les services
d'espionnage israéliens. Elle en cueille une dizaine, jeunes, jolies et
coquettes, de milieux socio-culturels différents. Parmi lesquelles Widad, Asmae,
Majdouline, Noura, Laïla, Hanane, Siham ou encore Nawal et Karima.
Argent, alcool, sexe, drogue? Certains agents recruteurs s'adressent aux réseaux de trafic humain, comme c'est
le cas d'après les témoignages de repenties, de mineures russes vendues parfois
par leurs propres parents à la mafia locale. Avant d'être exploitées par le
crime organisé au Moyen-Orient et ailleurs puis forcées à collaborer avec le
Mossad. Nabila, elle, a ses propres procédés. Elle détecte les faiblesses des
unes et des autres, leur faisant miroiter mille et une promesses en échange de
leur collaboration. Certaines rêvent d'une vie luxueuse, d'argent facile et
d'horizons cléments. D'autres ne demandent qu'une petite aide pour leur famille
démunie ou espèrent rencontrer un étranger qui leur assurerait une existence
décente. Quelques-unes contractent sans le savoir des mariages de complaisance (zawaj
orfi) avec des ressortissants des monarchies pétrolières, avant de se rendre
compte, une fois sur place, du véritable but de leur venue. Avec sérieux et discipline, Nabila enseigne à ses protégées, les rudiments de la
parfaite petite espionne: se fondre dans la masse, faire preuve d'empathie, tout
en restant réservée et vague sur sa personne. Quitte à s'inventer un tout autre
vécu pour brouiller les pistes. En parallèle, les jeunes mercenaires affûtent leurs armes de séduction: cours de
culture générale, de maintien et de bonnes manières, séances de perfectionnement
en cuisine et en danse orientale, diètes amincissantes, shopping dans des
enseignes de luxe…
Les voilà fin prêtes. De Casablanca à Damas, en passant par Bagdad, le Caire,
Washington, Paris et Nairobi, Nabila et son staff se lancent dans des missions
plus ou moins périlleuses, chacune sous une couverture différente. Les moins
instruites sont affectées à des postes de domestiques, de filles au pair ou de
masseuses. Les plus agiles et les plus jolies embauchées comme danseuses dans
des boîtes de nuit huppées, tandis que les plus futées sont introduites dans des
ONG internationales. Les cibles de ces Mata Hari en herbe sont claires: députés,
diplomates, ministres, activistes, hommes d'affaires, magistrats. Hauts gradés
de la police, de l'armée et de la gendarmerie. Ou encore journalistes influents
et experts en géostratégie ou en terrorisme (entre autres) exerçant dans les
pays arabes et limitrophes ou en dehors.
Les objectifs aussi sont bien définis: obtenir des renseignements auprès de ces
notables -à leur insu ou par chantage- sur leurs positions (et leur degré
d'implication idéologique et matérielle), entre autres, quant à l'Etat hébreu et
sa politique. Ses relations avec les pays arabo-musulmans, la situation au
Proche et au Moyen-Orient, la légitimité des régimes arabes actuels auprès de
leurs populations. Ou encore leur opinion par rapport à la montée de l'islamisme
dans le monde. Autant d'informations précieuses qui aideront par la suite la
division Recherche et Etudes du Mossad (l'un de ses 8 départements) à rédiger
ses rapports, remis au final au Premier ministre en personne. Noura, Hanane et Majdouline sont ainsi chargées d'impliquer d'influentes
personnalités américaines d'origine arabe, antisionistes, dans des scandales
sexuels, en prenant soin de filmer leurs ébats avec ces derniers. Siham, pour sa
part, se voit confier la fonction de fournisseur attitré de stupéfiants pour
l'équipe. Tandis qu'Asmae, avec quatre de ses acolytes, décroche un job dans un
club de nuit à Beyrouth fréquenté par des fonctionnaires hauts placés. Avec ses
amies, elles réussissent à approcher Georges Frem (mort en 2006), député et
ministre de l'Industrie au sein du gouvernement Hariri.
Asmae entre également en contact à Chypre avec un Israélien dénommé Berel et un
Syrien, Marwan. Ces deux hommes la chargent avec Yakatserina Shasternick,
originaire de la ville de Minsk (Biélorussie), de dénicher de jolies filles pour
animer des dîners à l'Hôtel Phoenicia de Beyrouth. Un établissement réputé
depuis des décennies, comme un lieu de rencontre pour des trafiquants d'armes et
des agents secrets du monde entier. Karima, jeune casablancaise de confession
hébraïque, s'occupe pour sa part de la filature d'un citoyen arabo-américain
proche de l'administration Bush à Washington.
Lors de sa dernière mission, Nabila devait pour sa part séduire de riches
businessmen américains d'origine arabe, défenseurs avoués du processus de paix
en Palestine, et vérifier si ceux-ci l'étaient effectivement. Il est aussi
arrivé à la jeune Marocaine, assistée de certaines de ses consoeurs d'Europe
Centrale, d'Asie ou d'Afrique de l'Ouest, de collaborer avec la CIA dans le
cadre d'opérations communes. Ou avec d'autres services secrets de pays amis
d'Israël ou n'ayant pas de contacts normalisés avec l'Etat hébreu. Nabila
travaillera-t-elle un jour avec la division des opérations spéciales du Mossad,
connue sous le nom Action, l'unité chargée des éliminations physiques de cibles
sensibles, des opérations paramilitaires et de sabotage? Certains services
secrets soupçonnent en tout cas ce petit bout de femme d'avoir fait partie,
alors qu'elle officiait aux Emirats Arabes Unis, du même groupe d'agents turcs
et saoudiens, auteurs présumés du meurtre et de la mutilation, le 24 septembre
1980, du journaliste libanais pro-indépendantiste (de la revue Al Hawadess)et
anti-syrien, Salim el Laouzi. Nabila n'est pas dupe. Elle sait qu'elle risque sa vie avec ce métier de l'ombre
dont elle a peur de ne plus pouvoir se passer. Et que ses recruteurs ne
viendront pas à sa rescousse si elle tombe dans les filets de leurs ennemis.
Mata Hari n'a-t-elle pas été fusillée par la France en 1917, cette nation même
pour laquelle elle se disait espionne? Et, le 18 mai 1965, Kamil Amin Tabet,
l'agent israélien Elie Cohen, n'a-t-il pas été pendu sur la place publique à
Damas? Et que dire des ratés de plus en plus fréquents du Mossad, sachant que, à
titre d'exemple, pour la seule année 1996, les Egyptiens ont démantelé 7 réseaux
d'espionnage israéliens… contre 20 pour les 15 années précédentes? Jusqu'où
Nabila et ses collègues seraient-elles prêtes à aller? Une chose est sûre: fichées par Interpol et de nombreux services secrets à
travers le monde, Nabila F. et sa douzaine de collaboratrices, se sont
aujourd'hui, évaporées dans la nature. Envolées vers d'autres cieux, repenties
ou... en quête d'autres proies?
MOSSAD
,
une
agence criminelle
De l’espion Eli Cohen à 007 (ou OSS 117),
entre réalité et fiction, la figure de
l’agent secret alimente les fantasmes du
public. Les services du Mossad, sans doute
en raison de leur excellence, exercent un
véritable pouvoir de fascination. En
témoignent le succès du film israélien «Tu
marcheras sur l’eau » qui relate les
tribulations d’un agent à la poursuite d’un
ancien SS, ou encore le classement parmi les
meilleures ventes du livre de Gordon Thomas,
« Histoire secrète du Mossad ». Comment
s’organisent les services secrets israéliens
? Quels en sont les missions et les défis?
Sont-ils aujourd’hui aussi performants que
par le passé? Tentative de décryptage.
Les vedettes de cherbourg
En décembre
1969, Israël dérobe à Cherbourg huit
vedettes
achetées à la France, mais mises sous
embargo par le général de Gaulle.
Objet
de mythes et de polémiques, le Mossad a
récemment occupé le devant de la scène, avec
le réexamen du dossier de Jonathan Pollard
,
incarcéré depuis plus de vingt ans aux
États-Unis pour espionnage au profit
d’Israël, ou la controverse sur le film
Munich.
Il a été en effet reproché à Steven
Spielberg de donner une image des services
secrets israéliens éloignée de la réalité.
Le Mossad n’est pas né
ex nihilo.
Le Vengeur
(Fayard) montre le rôle joué par les
différentes organisations clandestines de
renseignements (le groupe Stern, les
Brigades juives…) et leur influence.
Celles-ci ont servi de terreau culturel,
intellectuel et technique.
Eli Cohën
En 1951, David Ben Gourion, chef du premier
gouvernement de l’État d’Israël, fédère ces
organisations et fonde le Mossad. Il fixe au
nouvel Institut sa directive prioritaire :
« Pour notre État qui, depuis sa création,
ne cesse d’être assiégé par ses ennemis, le
renseignement constitue la première ligne de
défense. (...) Nous devons apprendre à
analyser ce qui se passe autour de nous. »
Placés sous l’autorité du Premier ministre,
les services secrets respectent, à l’instar
de l’armée, les commandement du
judaïsme.
« Chaque exécution doit être sanctionnée par
le Premier ministre en exercice et se
dérouler dans les règles »,
fait observer un connaisseur du dossier.
Meir Dagan
D’emblée, l’une des forces du Mossad repose
sur les compétences de ses recrues.
Originaires de la diaspora, elles maîtrisent
plusieurs langues et sont capables de se
fondre dans les régions où elles sont
envoyées. Basé à Tel-Aviv, le quartier
général comporte huit départements, dont le
plus impressionnant, celui de la « guerre
psychologique », est chargé de la
propagande.
Il s’agit de créer chez l’ennemi
de la méfiance ou de la peur, ou encore de
véhiculer de fausses rumeurs pour brouiller
les pistes. Comme l’explique le
propagandiste, le tueur professionel à gage et
l'escroc juif Simon Wiesenthal dans
Les
"Assassins sont parmi nous"
(Stock), la poursuite des
allemands nazis a
été l’un des fers de lance du Mossad,
constitutif de son identité.
Wiesenthal a lui-même
participé au kidnapping d’Adolf Eichmann en
1960, l’une des plus célèbres réussites du
Mossad. Cette opération a beaucoup contribué
à la popularité - auprès des juifs de son chef Rafi Eitan,
actuellement leader du Parti des retraités
en Israël.
Autre mission fondamentale:
ramener vers Israël les Juifs originaires de
pays où l’alyah n’est pas autorisée [l’alyah
est le devoir "religieux" des juifs d'émigrer
vers Israël].
Dans
"Hassan II et les Juifs"
(Seuil), Agnès Bensimon raconte ainsi les
activités clandestines de l’Institut au
Maroc pour défendre les communautés juives
et organiser leur départ en Israël,
"officiellement" interdit, au début des années
1960. On y apprend que les services secrets
israéliens entretenaient des relations
privilégiées avec Hassan II qui était le
véritable agent du Mossad au Maroc!
Le Mossad agit dans le cadre de
différents mouvements clandestins juifs dans
tous les pays où vivent des juifs et
dans "les zones à risques".
Certains espions
sont restés célèbres, comme Eli Cohen qui a
payé de sa vie le fait d’avoir infiltré le
gouvernement syrien dans les années 1960.
Les missions des services secrets israéliens
sont donc très larges, et les effectifs
énormes, car tous les juifs dans tous les pays
sont potentiellement des agents du Mossad.
Les types d’agents sont
très divers, de même que leurs appellations.
À la tête de l’Institut, il y a le
memuneh,
autrement dit le directeur. Les
katsa
sont les agents d’opération
auxquels appartenait Ben Barka, à ne pas
confondre avec les agents dormants, qui ne
sont sollicités qu’en cas d’absolue
nécessité. Les
bat leveyha
sont les agents féminins. Selon le lieu où ils opèrent, les
espions portent des noms différents:
dardasim
en Chine,
falach
au Liban,
nativ
en ex-Union soviétique, ou
jumper
quand ils travaillent à l’étranger pour une
mission brève.
Les
kidon,
âgés de 20 à 30 ans, sont les « tueurs »
professionnels dont le nombre au sein du Mossad
est plus de 400 tueurs hommes et plus de 150
tueurs femmes.
Enfin, l’une des grandes forces du
Mossad sont les
sayanim
qui _ qui contrairement à Ben Barka, ne
reçoivent aucun salaire.
Ces volontaires juifs, au nombre de plus de trois millions
de juifs
dans le monde entiers, mettent occasionnellement
leurs compétences professionnelles ou
personnelles
(médecins, loueurs de voitures…etc...) au service
du Mossad. N’importe qui peut être
sayanim,
à condition d’être juif. Sans eux, les vrais
agents ne pourraient opérer.
Prévenir les attaques
des résistants
Au fil des années, le Mossad s’est équipé de
réseaux d’écoute et de systèmes d’analyse de
plus en plus performants, notamment d’un
logiciel unique en son genre baptisé «
Promis ».
Ce programme permet de surveiller
des individus d’une façon qui n’avait jamais
été possible auparavant. Dans son
"Histoire secrète du Mossad"
(Nouveau Monde), Gordon Thomas explique que
« ce système a la capacité d’amasser et de
croiser des informations à une échelle
totalement inaccessible aux facultés
humaines, offrant un nouvel outil de
surveillance des groupes de résistance ».
Prévenir les attaques de la résistance contre
l'occupation juive en Palestine ou leurs cibles à l’étranger est
l’une des missions prioritaires des services
de renseignements israéliens.
Pour ce faire,
ses agents sont implantés partout dans le
monde. En raison de la "menace" qu’elles
représentent, les nations et organisations
arabes font l’objet d’une surveillance
particulière.
Le Mossad se targue d’avoir
une très bonne connaissance du monde
musulman. Plusieurs dizaines d’instituts de
recherche sur le Moyen-Orient, crées par le
Mossad se sont
développés ces dernières années, notamment
aux États-Unis.
Un livre témoigne de cette
réalité :
"L’Infiltrée : une femme au cœur des réseaux
terroristes islamistes"
(Grasset), écrit en 2003 par une Juive
irakienne du Mossad, qui a préféré conserver
l’anonymat. Après avoir vécu en Israël, elle
s’est installée aux États-Unis où elle s’est
intéressée au Moyen-Orient pour le compte
d’une organisation à but non lucratif. Elle
a ainsi étudié de près la mouvance
terroriste, ce qui l’a finalement menée à
infiltrer divers groupes. Très critique à
l’égard des autres agences de
renseignements, elle souligne les nombreux
dysfonctionnements des services de sécurité
américains dans leur lutte contre
l’islamisme.
Si le Mossad a acquis une réputation
d’excellence à l’échelle internationale
grâce à la réussite de nombreuses opérations
(affaire des vedettes de Cherbourg1,
assassinats de plusieurs membres du groupe
terroriste
Septembre
noir…), certains ratés ont entaché son
image. Comme, en 1974, l’élimination par
erreur d’Ahmad Boushiki, dont la
ressemblance était frappante avec Ali Ahmad
Salameh, cerveau du massacre des athlètes
israéliens aux jeux Olympiques de 1972.
Autre exemple : en septembre 1997, deux
agents chargés d’injecter un poison à l’un
des leaders politiques du Hamas, Khalid
Meshaal, seront appréhendés à la frontière
jordanienne munis de passeports canadiens.
Le royaume hachémite n’accepte de les
relâcher qu’à condition que soit libéré le
Cheikh Ahmed Yasin, fondateur du Hamas.
Ces
différents échecs ont abouti à une crise au
sein des services
de renseignements israéliens.
Auraient-ils
réellement perdu de leur efficacité ?
Frédéric Ploquin, auteur des
"Carnets intimes de la DST "(Fayard) connaît bien le monde du
renseignement.
« Le Mossad semble aujourd’hui moins
performant que le Shin Beth, le service de
la sécurité intérieure, de la même façon que
la DGSE
(Direction générale de la sécurité
extérieure)
est moins performante que la DST
(Direction de la surveillance du territoire),
explique-t-il.
Toutefois, l’un
des atouts des services secrets israéliens,
c’est de travailler de manière artisanale et
humaine, à l’inverse de la CIA qui fait
presque exclusivement appel à des machines.
Or on ne peut pas tout obtenir avec des
écoutes téléphoniques, le contact humain
reste fondamental. »
Des méthodes
contestées, mais...
De sombres accusations de corruption ont
également terni la réputation du Mossad.
Victor Ostrovsky, ancien officier du Mossad entre 1984
et 1986, aujourd’hui réfugié au Canada, a
fait des révélations choc dans son livre
"Un Agent des services secrets israéliens
parle"
(Presses de la Cité). Il raconte comment
certains crimes sont maquillés, et accuse le
Mossad d’avoir attiré l’homme d’affaires
Robert Maxwell - lui-même juif - vers les îles Canaries pour
l’assassiner sur son yacht. Selon lui, le
célèbre magnat juif de la presse britannique
aurait financé une partie des activités de
l’Institut, en détournant les fonds de
pension de son personnel. Il l’accuse
également d’échapper à tout contrôle.
Dagan, Sharon & Halévy
Il y dénonce
ses méthodes musclées (chantage, sabotage,
kidnapping, falsifications, privation de
sommeil, aveuglement provisoire par bandage
des yeux, compression des parties
génitales…). Mais comme l’expliquent
Ian Black et Benny Morris dans
"Israel’s Secret Wars"
(Hamish Hamilton, non traduit),
« Le Mossad est certes le seul service de
renseignements à disposer encore
officiellement d’une unité d’assassinat. »
Aux yeux de ce spécialiste,
Meir Dagan,
l’actuel directeur, est l’un des plus
criminels
que l’organisation ait connus.
Yitzhak Hofi, directeur entre 1974 et
1982, avait instauré d'étroites relations
avec les services secrets égyptiens, comme
l’explique Eliahu Ben Elissar, ancien
ambassadeur d’Israël en France, dans
"Désespoirs de paix"
(Ramsay).
Le Mossad a joué un rôle capital dans la
guerre contre et en en Irak et contribué à la traque de
Saddam Hussein, dont ils avaient planifié
l’assassinat.
Deux facteurs ont contribué à
un durcissement ces dernières années : la
seconde Intifada, avec la mise en place
d’une cellule spéciale pour mener la
bataille de l’information, et les attentats
du 11-Septembre.
Les services secrets israéliens, malgré leurs
échecs, sont toujours considérés parmi les
plus violents et les plus criminels du monde au
point de vue d'efficacité criminelle, puisque le
Mossad est le seul organisme officiel d'un état
dans le monde entier et dans l' histoire de l'
humanité à officiellement exercer les procédés
des exterminations physique des opposants ou des
des résistants à son état!
Et c'est à la lumière de tout cela et dans ce
contexte qu'il faut juger la gravité de la
collaboration de Mohamed VI, de son père, de son
régime ainsi que de Ben Barka ou de Belafrej
avec le Mossad.
Une question qui se pose est: pourquoi l'espion
Ben Barka s'est-il aussi laissé recruter par une
agence de l'ancien agence de renseignement
Est-soviétique? Une explication possible est que
le KGB et sa filiale tchèque
StB étaient - à 90%
- composés de
personnels juifs fidèles à Israël. N'oublions
pas que l'Union Soviétique fut le premier état à
reconnaître Israël et que les premières
fournitures d'armes à Israël son justement
venues de la "chécoslovaquie".
Si Hassan II pouvait espionner sur les régimes
arabes et leurs "sommets", Ben Barka pouvait
fournir aux acheteurs de ses services des
informations relatives aux opposants
"progressistes" et "nationalistes" du
Tiers-Monde qui pouvaient également intéresser
les états de l'Est. Ceci permettait également à
Ben Barka d'avoir un double salaire pour une
même information!
Ben Barka,
était
aussi
espion de
l'Est
Du nouveau sur Ben Barka qui va certainement
faire couler beaucoup d’encre. En effet,
dans sa dernière édition, L’Express fait
une révélation de taille. Selon
l’hebdomadaire français, Mehdi Ben Barka
aurait été un agent des services secrets
tchécoslovaques. Cette assertion a été
faite par un journaliste et historien,
Petr Zidek, sur la base d’un dossier de
1550 pages sorties directement des
archives de la StB, la sécurité d’Etat
tchécoslovaque. Par le passé, L’Express
a réservé bon nombre de ses unes à
l’affaire Ben Barka. Quatre jours après
la disparition de Ben Barka, le journal
avait commis un premier article, “Les
étranges coïncidences de l’affaire Ben
Barka”. Puis, le 10 janvier 1966, la Une
de l’hebdomadaire est consacrée à ce qui
devenait alors l’Affaire Ben Barka suite
au témoignage de Georges Figon et
portera le fameux titre “J’ai vu tuer
Ben Barka”. Deux semaines plus tard,
L’Express lance un feuilleton qui sera
la “cover story” de l’hebdomadaire
pendant cinq semaines intitulé “A verser
au dossier de l’instruction”. Les
journalistes de L’Express feront même
partie de l’armada des témoins qui vont
défiler durant le fameux procès.
«Pragmatique mais pas sympathique»
Mais, qu’est-ce que nous apprend ce
dossier réservé à un personnage majeur
de l’Histoire contemporaine du Maroc ?
D’après le journaliste tchèque auteur de
cette enquête, l’opposant progressiste
était d’abord un agent de l’Est qui
avait un rang de contact confidentiel.
Il aurait porté le nom de code de
“Cheikh”. Et il fournissait des
informations à divers officiers
traitants moyennant de l’argent. Par
ailleurs, les 1550 pages de ce dossier
qui porte, selon Petr Zidek, le numéro
de référence 43-802, évoquent aussi
l’homme qu’il était. Zidek dira par
exemple qu’à «la lecture des documents,
on découvre un homme très pragmatique et
pas forcément sympathique».
L’enquête de L’Express raconte en détail
l’aventure de Ben Barka avec les
services de renseignement de ce pays de
l’Est. D’une première rencontre en mars
1960, fruit d’un pur hasard, les
liaisons qui vont se tisser entre
l’homme de la gauche et les agents
secrets de ce pays communiste, satellite
de l’Union soviétique, vont se
consolider. Un agent de renseignement de
la Stb, le capitaine Zdenek Micke tisse
au départ une relation, de prime abord
innocente. Au départ Ben Barka devait
ignorer au départ la véritable
profession de cet homme qui se
présentait à lui au restaurant “Le
Fouquet’s” comme deuxième secrétaire de
l’ambassade de Tchécoslovaquie à Paris.
Le contenu des conversations entre les
deux hommes est largement étalé dans les
fiches que Zidek a récupérées. En voici
un extrait datant de la même période,
c’est-à-dire en mars 1960, tel que
raconté par le capitaine tchèque : «Ben
Barka ne voit qu’une seule issue pour
son pays : s’engager dans la voie du
socialisme. La première condition est
l’unification de toutes les forces de
progrès du pays dans une organisation
politique. C’est pourquoi il veut
traiter avec Ali Yata pour obtenir
l’accord du parti communiste marocain».
1500 francs/mois
Les rencontres vont alors se multiplier.
Et les séjours en terres tchécoslovaques
aussi. Au total, le dirigeant de
l’opposition fera onze séjours dans ce
pays. Le premier en septembre 1961. Le
dernier, le 1er octobre 1965, soit
quatre semaines avant son enlèvement. A
propos de cette visite, Petr Zidek écrit
que «ceux qui le croisent alors
décrivent un homme apeuré. Inquiet pour
sa sécurité, il demande même à l’agent
tchèque de lui fournir un revolver,
calibre 7,65 mm. Ce dernier s’engage à
lui procurer une arme lors de son
prochain séjour. Mais l’opposant
marocain ne reviendra pas…».
Le journaliste et historien Petr Zidek
raconte en détail la première visite de
Ben Barka en terre tchécoslovaque, «en
vue de présenter au “cheikh” les succès
du socialisme et du patrimoine culturel
du pays». C’était en septembre 1961.
L’homme fait la découverte de Prague. Il
rencontre des syndicalistes, des
étudiants. Mais, dans les fiches
décryptées par Zidek, il est question
aussi de vie privée. Des virées
nocturnes mais aussi de relations qu’il
aurait entretenues avec des femmes.
Puis, il y a le volet rémunération.
Immédiatement après le voyage effectué
en Tchécoslovaquie, le journaliste parle
d’une rémunération que les services de
renseignement auraient consentie à
verser au leader de l’UNFP. «Ben Barka
reçoit 1500 francs par mois en échange
de documents qu’il présente comme étant
des bulletins du Service de
documentation et de contre-espionnage
français, le Sdece», apprend-t-on de
l’enquête. La StB aurait même financé le
voyage de Ben Barka en Guinée. De retour
au Maroc en mai 1962, les contacts se
feront plus rares. Ils reprendront après
son second exil de juin 1963. Selon Zidek, Ben Barka va dès
lors multiplier les séjours et les
passages par les hôtels luxueux de
Prague. Il s’y rendra aussi en compagnie
de sa famille. En 1964, les relations
entre le chef du Mouvement de libération
des pays du tiers-monde et la StB vont
se refroidir. Un capitaine des services
de renseignements tchèques, un certain
“Doubek” va même rédiger un rapport où
il qualifiera Ben Barka de «progressiste
dans les contacts avec nous,
proaméricain dans les contacts avec les
Américains et opportuniste dans les
contacts avec Bourguiba, Nasser et les
baâtistes d’Irak et de Syrie. Les amis
du KGB pensent qu’il a été corrompu par
les Chinois».
Selon ces fiches, le président de la
Tricontinentale aurait même suivi une
formation en techniques de l’espionnage
: les langages codés, connexions radio…
http://www.lexpress.fr/info/monde
/dossier/benbarka/dossier.asp?ida=458682
La note rédigée
par l'agent
tchèque «Motl»,
après ses deux
premières
rencontres avec
Ben Barka, au
printemps 1960,
à Paris. Au
dessus, la fiche
de l'agent
«Motl». De son
vrai nom Zdenek
Micke, ce
capitaine des
services de
renseignement a
travaillé sous
couverture
diplomatique à
Paris, de
novembre 1959 à
janvier 1967.
LEXPRESS.fr
du 16/07/2007
Quand
«Cheikh»
renseignait Prague
Petr
Zidek
Tout
commence à la
mi-mars 1960, à
Paris, au
café-restaurant le
Fouquet's, sur les
Champs-Elysées. Le
capitaine Zdenek
Micke, un agent
tchécoslovaque
utilisant comme
couverture un poste
de deuxième
secrétaire à
l'ambassade de son
pays, est attablé
avec l'un de ses
contacts français -
un homme qu'il
désigne sous le nom
de code de «Gogol»
dans ses comptes
rendus envoyés à
Prague.
La note rédigée
par l'agent
tchèque «Motl»,
après ses deux
premières
rencontres avec
Ben Barka, au
printemps 1960,
à Paris. Au
dessus, la fiche
de l'agent
«Motl». De son
vrai nom Zdenek
Micke, ce
capitaine des
services de
renseignement a
travaillé sous
couverture
diplomatique à
Paris, de
novembre 1959 à
janvier 1967.
Cet
informateur semble
avoir beaucoup de
relations parmi les
Marocains de la
capitale. Ce
jour-là, au
Fouquet's, il
présente au faux
diplomate un certain
Kenfaoui, chargé
d'affaires à
l'ambassade du
Maroc. Ce dernier
ignore évidemment
que Zdenek Micke,
nom de code «Motl»,
est un agent de
l'Est.
Les
trois hommes
aperçoivent alors un
autre Marocain, à
une table voisine:
Mehdi Ben Barka, 40
ans, leader en exil
de l'Union nationale
des forces
populaires (UNFP,
fondée en 1959). Le
faux diplomate
tchèque en profite
pour faire la
connaissance de cet
opposant de renom.
Dans la foulée, il
le convie, ainsi que
Kenfaoui, à un dîner
qui se tiendra
bientôt à
l'ambassade de
Tchécoslovaquie.
Ce
soir-là, le 28 mars
1960, Kenfaoui tarde
à arriver. Retenu
par un cocktail
offert en l'honneur
d'une délégation
malienne, il se
présentera avec une
heure et demie de
retard. Ben Barka,
lui, est ponctuel.
En attendant son
compatriote, il
discute avec Zdenek
Micke (alias
«Motl»), sans se
douter, lui non
plus, que cet homme
de 29 ans est un
capitaine de la StB,
l'équivalent du KGB
à Prague.
Le
département
«renseignement
extérieur» du
service
tchécoslovaque a
ouvert un dossier -
le 43-802 - au nom
de Ben Barka. Une
note de quatre
pages, rédigée par
Motl, relate le
dîner à l'ambassade.
«Nous avons pu
analyser dans le
calme la situation
actuelle au Maroc»,
écrit-il. Le
fondateur de l'UNFP
lui a confié qu'il
ne pouvait retourner
dans son pays sans
risquer
l'arrestation. «Ben
Barka, poursuit
Motl, ne voit qu'une
seule issue pour son
pays: s'engager dans
la voie du
socialisme. La
première condition
est l'unification
totale de toutes les
forces de progrès du
pays dans une
organisation
politique. C'est
pourquoi il veut
traiter avec Ali
Yata [NDLR: le
secrétaire général
du Parti communiste
marocain - PCM] pour
obtenir l'accord du
parti.» Autre signe
positif aux yeux du
capitaine: le leader
tiers-mondiste, à la
recherche de
contacts
internationaux, dit
vouloir rencontrer
des dirigeants
soviétiques, en
particulier un
proche collaborateur
de Khrouchtchev,
attendu à Paris.
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/20070704.OBS5040/ben_
barka_aurait_ete_un_espionau_service_de_prague.html?idfx=RSS_notr
Ben Barka:
espion
au service de Prague
NOUVELOBS.COM |
04.07.2007
Des
archives secrètes
révèlent que le
leader de
l'opposition
marocaine kidnappé à
Paris en 1965 aurait
servi la
Tchécoslovaquie à
partir de 1961. Il
aurait notamment
transmis des
documents émanant de
la Sdece, ex-DGSE.
Medhi
Ben Barka, disparu
en 1965 à Paris à la
suite de son
enlèvement, aurait
été un agent
rémunéré des
services secrets
tchécoslovaques au
début des années 60,
affirme dans son
dernier numéro
L'Express.
Le leader de
l'opposition
marocaine en exil
aurait été approché
à Paris dès avril
1960 par un membre
du StB (services
secrets
tchécoslovaques,
équivalent du KGB
soviétique), selon
des archives
secrètes (1.150
pages). Elles ont
été découvertes en
Tchécoslovaquie, à
Prague, par un
journaliste tchèque.
L'Express
publie certaines
pages sous forme de
fac-similés.
Informations
confidentielles
françaises
transmises à Prague
Selon
l'hebdomadaire, la
rémunération de Ben
Barka par le StB a
débuté après un
voyage à Prague. Ce
dernier, qui fut
président de la
Tricontinentale
(rassemblant des
Etats qui venaient
d'accéder à
l'indépendance et
des mouvements de
libération), aurait
reçu 1.500 francs
par mois, à partir
de l'automme 1961.
Ben Barka aurait
remis au StB des
documents qu'il
présente alors comme
venant du Service de
documentation
extérieure et de
contre-espionnage
français (Sdece,
devenu DGSE). Le
leader marocain
aurait également
multiplié les
séjours à Prague où
il aurait suivi une
formation
spécialisée (codes,
liaisons radio,
filature...) en mars
1965, sept mois
avant son enlèvement
à Paris.
"Contradiction avec
le personnage de Ben
Barka"
Pour l'historien
Gilles Perrault,
auteur d'un ouvrage
sur Henri Curiel qui
était membre de la
Tricontinentale et
proche de Ben Barka,
ces révélations de
L'Express
sont "en
contradiction totale
avec le personnage
de Ben Barka, chef
de l'opposition
marocaine". Gilles
Perrault a ajouté
qu'il "ne voyait pas
très bien l'utilité
de Ben Barka pour
les services
tchèques, d'autant
plus que sa
dimension mondiale
aurait plutôt voulu
qu'il soit recruté
par le KGB".
Ben Barka a disparu
le 29 octobre 1965,
devant la brasserie
Lipp à Paris (VIe),
lors d'une opération
menée par les
services marocains
du roi Hassan II
avec la complicité
de policiers et de
truands français.
Cette affaire
retentissante n'a
jamais été
totalement élucidée
malgré deux
instructions
judiciaires. Le
corps de Ben Barka
n'a toujours pas été
retrouvé et les
conditions de sa
mort n'ont pas été
établies.
http://www.lagazettedumaroc.com/articles.php?r=2&sr=830&n=532&id_artl=13974
|
Programme quotidien d'actualité nationale de
Radio Prague, diffusé tous les jours sauf le samedi et dimanche, est un
résumé de l'essentiel des événements des 24 dernières heures.
Archives StB:
une autre image de Ben Barka
Cliquer sur le lien
pour écouter l' audio:
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Nous vous en parlions dans notre précédente
émission : un dossier retrouvé dans les archives de la StB retrace les
cinq années pendant lesquelles le Marocain Mehdi Ben Barka a été rémunéré
par les services de renseignement tchécoslovaques pour leur servir
d'informateur.
Approché en 1960 à Paris
par le capitaine Zdenek Micke, en poste à l'ambassade tchécoslovaque, le
leader de l'UNFP se rendra pour la première fois à Prague l'année
suivante. En tout, Ben Barka viendra 11 fois en Tchécoslovaquie. Au cours
d'un de ses passages, il sera officiellement recruté par la StB.
Le 17 décembre 1963, le chef du renseignement
extérieur écrit une note au ministre de l'Intérieur pour faire l'éloge de
Cheikh, le nom de code donné à Mehdi Ben Barka. « Il nous donne des
informations et des documents intéressants », peut-on lire dans cette
note. Une note qui figure dans le dossier de plus de 1500 pages retrouvé
dans les archives et décortiqué par l'historien et journaliste Petr Zidek
:
« Pour moi, ce dossier donne une
nouvelle image de ce personnage. Dans la plupart des livres qui ont été
consacrés à Ben Barka, il est souvent présenté comme une victime innocente
des services secrets marocains, français, américains - on parle même du
Mossad israélien - et je pense qu'en lisant ce dossier on peut se faire
une autre image de ce politicien. Je pense qu'il n'était pas si innocent
que ça et qu'il a probablement entretenu d'autres relation de ce type.
»
Avec d'autres services de renseignement ?
« Oui, je n'ai aucune preuve, il n'y en a pas dans le
dossier mais je pense que le comportement de ben barka vis-à-vis des
services tchèques et certains faits peuvent conforter cette hypothèse.
»
Ces révélations ont eu un retentissement
relativement important cette semaine. Quand on parle de Ben Barka en
France, c'est aussi et surtout du mystère qui entoure sa disparition.
Est-ce que dans le dossier des archives de la StB on apprend quelque chose
de plus ?
« Pas concrètement, mais je pense
que le contenu du dossier est une raison de plus pour quiconque qui aurait
voulu l'éliminer. C'est aussi une hypothèse : ses contacts avec la StB
n'étaient sûrement pas ignorés par les services français ou marocains.
C'était peut-être une des raisons de son élimination. »
Les recherches sur le dossier Ben Barka seront
publiées ce week-end dans Lidove noviny. Ajoutons que sur une note rédigée
deux semaines après l'enlèvement de Mehdi Ben Barka à Paris, la StB
déployait déjà une stratégie à triple objectif : « attirer les soupçons
sur le gouvernement américain et la CIA pour faire croire qu'ils sont les
organisateurs du rapt », « dénoncer le roi Hassan II... » et «
compromettre autant que possible la police et le gouvernement français,
voire Charles de Gaulle en personne ».
Ben Barka
informateur de Prague
[12-07-2007] Par Alexis Rosenzweig
Mehdi
Ben Barka, leader de l'opposition marocaine et du mouvement tiers-mondiste
au début des années 60, était un informateur de la StB, l'équivalent
tchécoslovaque du KGB. C'est en tout cas ce qui ressort d'un imposant
dossier retrouvé à Prague dans les archives des services de
renseignement.
Le dossier, qui porte le
numéro 43-802, est très détaillé. Il retrace les cinq années de
collaboration entre la StB et Mehdi Ben Barka - sous son nom de code «
Cheikh » - jusqu'à la mystérieuse disparition de celui-ci à Paris en
1965.
Historien de
formation, le journaliste Petr Zidek a retrouvé ce dossier en microfilm et
vient d'en publier le contenu dans le magazine français L'Express. Son
enquête sera également publiée dans le prochain supplément du week-end du
quotidien tchèque Lidove noviny. Au micro de Radio Prague, Petr Zidek a
insisté sur le caractère exceptionnel du dossier Ben Barka
:
« Ce dossier
est exceptionnel parce qu'il comporte 1500 pages, ce qui est rare pour la
StB. Il traite le sujet très en détail et je pense que c'est un bon
document historique. »
Ces détails
concernent l'évolution de la collaboration et la rémunération de Mehdi Ben
Barka par la StB ?
« Oui, il
n'y a pas de reçus ni de de factures mais il y a des documents qui
prouvent que Ben barka a reçu telle somme d'argent pour tel objectif. Par
exemple pour aller assister à une conférence afro-asiatique.
»source :
http://www.radio.cz/fr/article/93324/limit |
Ben Barka,
agent de
Prague?
Mehdi Ben Barka, en 1959 à
Casablanca. (Photo : AFP)
Selon des
informations publiées par l’hebdomadaire L’Express, Mehdi Ben Barka
a été rémunéré par le StB, les services secrets tchécoslovaques, au début
des années 1960. Le journaliste et historien Petr Zidek, 36 ans,
spécialiste des services secrets, a pu éplucher un dossier de plus de 1
500 pages contenant des renseignements au sujet des activités de
l’opposant marocain, qui avait le nom de code « Cheik ». Il aurait
ainsi fourni des renseignements à divers responsables de la centrale
d’espionnage tchèque, très liée au KGB soviétique. La famille de Ben Barka
a considéré que ces révélations sont diffamatoires. Interviewé par RFI,
Petr Zidek maintient que Ben Barka a bien été un agent des services
secrets de Prague, depuis 1961, jusqu’à sa disparition à Paris en 1965. Le
chercher affirme, également, qu’Amilcar Cabral, qui dirigea la lutte pour
l’indépendance de la Guinée Bissau, a également bénéficie de l’aide des
Tchèques.
source
http://www.rfi.fr/actufr/articles/091/article_53985.asp |
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